Perucho Figueredo. Mourir pour la Patrie


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Perucho Figueredo était lié aux complots pour l'indépendance dans son Bayamo natal.

Le 17 août 1870, monté sur un âne, en chemin vers la mort, le major général Pedro Figueredo répétait avec insistance deux des vers finaux de la strophe de l'hymne qu’il avait composé pour une Cuba libre : « Ne crains pas une mort glorieuse, mourir pour la patrie c’est vivre »...

Il se souvenait peut-être, lors de la dernière aurore de son existence, des premiers jours de la guerre quand agacés par la défaite de Yara, certains venaient à lui avec des plans de capitulation.

Sa réponse devant telles propositions a été catégorique : « À la tête des miens je me joins à Céspedes et avec lui, je marcherai vers la gloire ou la potence ». Des paroles qui sont prophétiques maintenant alors qu’on le conduit vers l'ancien abattoir de Santiago de Cuba pour exécuter la sentence du Tribunal Militaire espagnol.

Le conspirateur

Pedro Figueredo Cisneros, que tous connaissaient comme Perucho dans son Bayamo natal, est né le 29 juillet 1819. Dès son enfance, sa famille lui a inculqué des idées de liberté. Adulte, il a converti sa maison en principal centre de la conspiration indépendantiste dans sa ville.

La tradition dit qu'un soir, en rencontrant son ami Francisco Maceo Osorio dans le parc principal de Bayamo, il le trouva très silencieux, comme si une préoccupation ou une grande peine le rongeait à l'intérieur.

Maceo lui narra un fait récent dont il avait été témoin : un militaire espagnol avait fouetté un enfant, fils d'une famille de cubains libres, à cause d'une farce, comme si l'enfant était le plus vil esclave. Quand des adultes créoles ont tenté de détenir cette sauvagerie, le militaire les a admonesté comme s'ils étaient des citoyens sans droits.

« Je pense à cette jeunesse vigoureuse et aux conditions dans lesquelles l'Espagne nous soumet », a dit Maceo Osorio avec douleur à la fin de son histoire. « Nous, les Cubains, nous n’avons aucun droit dans notre pays », a déclaré Perucho.

Les deux Bayamais se sont regardés. Et sans mots, ils se sont compris. Le seul moyen avec lequel les Cubains se libéreraient de l'opprobre et de l’insulte était au moyen des armes. Il fallait se lancer dans la Révolution.

Plusieurs hommes illustres de l’orient cubain se sont rencontrés dans la maison de Perucho, parmi lesquels se trouvait Francisco Vicente Aguilera. Entre tous, ils ont créé le Comité Révolutionnaire de Bayamo, qui avait des contacts avec Carlos Manuel de Céspedes et les patriotes de Manzanillo, avec les indépendantistes de Camagüey et de Las Tunas.

En tant que représentant des révolutionnaires bayamais, Perucho a participé aux réunions de San Miguel de Rompe (4 août 1868) et dans l'hacienda Muñoz (1er septembre de la même année), où les participants ont débattu sur le début du soulèvement contre le colonialisme espagnol.

L'Hymne

« Perucho, toi qui est notre musicien, maintenant il te revient de composer notre Marseillaise », lui ont dit ses amis. L'hymne de Bayamo est né avec l'aide du maestro Manuel Muñoz Cedeño, qui a fait l'orchestration, qui deviendrait plus tard l’Hymne National de Cuba.

L'hymne composé par Figueredo a été joué pour la première fois lors d'une procession religieuse. Tous les insurgés et les aspirants à la souveraineté ont compris que ces notes appelaient à lutter pour l'indépendance nationale et, à Bayamo, ils ont vite appris à les fredonner.

Le 10 octobre 1868, à La Demajagua, Céspedes proclame la fin de l'oppression et de l'esclavage. Perucho s’unit à la lutte le 17 octobre avec une troupe et entre triomphalement à Bayamo le 20 octobre avec lui. Déjà les rues de la ville libre tous fredonnent la marche patriotique, mais le peuple demande les paroles pour la chanter.

On dit que Perucho, grillé par le soleil, couvert de poussière et noir par la fumée de la poudre de la récente bataille sur son cheval fougueux, a écrit les cinq couplets de sa marche, desquels les deux premiers ont été conservés dans l’Hymne National. Les vers se sont répandus de bouches à oreilles et se sont propagés dans tout Cuba.

Le Major Général

L'Assemblée de Guáimaro le nomme sous-secrétaire de la Guerre du premier gouvernement de la République de Cuba en Armes (1869) et lui donne les étoiles de Major Général. En convalescence dans la ferme de Santa Rosa de Cabaniguao, dans l’actuelle province de Las Tunas, après avoir attrapé le typhus, il tombe prisonnier des Espagnols.

Il est conduit à Santiago de Cuba où un jury colonial le condamne à être fusillé. Il sentait sa mort proche et il a dit à ses juges « c'est seulement de ne pas pouvoir profiter avec mes frères l’œuvre glorieuse de la rédemption qui j’avais imaginée et c'est maintenant à son début ».

« Cuba est perdue pour l'Espagne », leur a-t-il dit avec une profonde conviction, « l'effusion de sang que vous faites est inutile et il est temps de reconnaître votre erreur ».

Il était si malade qu’il pouvait à peine se tenir debout, il lui était impossible de se déplacer seul au lieu de l'exécution. C'est pourquoi l'ennemi lui trouve la plus rustique monture. « Vous ne serrez pas le premier rédempteur à monter sur un âne », ont dit ses bourreaux.

La tradition orale dit, une rumeur insistante qui a transcendé jusqu'à nous au cours des années, que devant le peloton d'exécution, Perucho Figueredo trouva même la force de crier à la bouche des fusils ennemis « Mourir pour la patrie c’est vivre ». Et le dernier vers du général a été ponctué par la salve des fusils.


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