L’engagement politique et culturel du Festival du Cinéma Latino-américain


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Avec le devoir, non seulement de montrer les meilleurs films de la région mais aussi ceux qui abordent des sujets absents ou peu visibles dans nos médias (les populations autochtones, les religions fondamentalistes, la diversité sexuelle, la situation actuelle en Bolivie…) la XLIe Édition du Festival International du Nouveau Cinéma Latino-Américain qui se déroule à La Havane jusqu’au 15 décembre, sera conséquente avec cet engagement politique et culturel.

Le président du festival, Iván Giroud qualifie sa sélection et son esprit de « registre de témoignages très proche de ce qui se passe aujourd’hui dans le Continent ». Il a expliqué que la Mostra, quoique avec 76 films de moins, se renforce du point de vue qualitatif.

En quatre décennies, le Festival s’est fixé pour objectif de légitimer la filmographie latino-américaine, « à partir du respect des spécificités sociales, économiques et culturelles de chaque pays » précise le chercheur cubain et critique de cinéma Joel del Río; bien que leurs réalités soient très diverses.

Il y en a qui assurent que le rendez-vous de La Havane a maintenu une révolution sur le grand écran durant 40 ans, en défendant une avant-garde cinématographique qui a toujours transcendé la frontière de ce qui est purement esthétique et qui a ancré ses réflexions dans la scène géopolitique et culturelle de notre région.

L’élan du nouveau cinéma latino-américain, plus proche de nous, « le cinéma imparfait », comme l’a appelé feu Julio García Espinosa (1926-2016), garde encore toute sa vitalité, bien que ses fondateurs ne soient plus parmi nous.

Cette année 2019, le festival, d’une grande importance en Amérique Latine, montrera pendant 10 jours quelque 300 films qui dialogueront avec les spectateurs. L’Argentine et le Brésil sont les pays qui y présentent le plus grand nombre de films.

Comme il y a une décennie avec “El Secreto de tus Ojos” (Le Secret de tes yeux), et plus récemment avec “Relatos Salvajes” (Récits Sauvages) (2014), “El Clan” (Le Clan) (2015) et “El ciudadano ilustre” (Le Citoyen illustre) (2016), un film argentin a été projeté au cours de la cérémonie d’ouverture. Il s’agit de “La odisea de los giles” (L’Odysée de giles) (2019), du réalisateur Sebastián Borensztein.

“Incluant “La odisea…”, ce seront 21 long-métrages de fiction qui aspirent cette année au Prix Corail ; ainsi que 18 opéras primas, 21 documentaires (long-métrages) 10 courts et moyens métrages, 23 dessins animés, 25 scénarios inédits et 30 affiches de cinéma.

Parmi les attraits du rendez-vous de La Havane et parallèlement à cette dernière modalité, le public peut visiter l’exposition « Corazón que siente » (Cœur qui éprouve de l’émotion) dont Sara Vega est la curatrice et dans laquelle un grand nombre d’affiches de cinéma ICAIC –avec l’élément symbolique dans leur graphique, appuient le dessin design visuel de cette édition.

Selon le cinéaste Manuel Pérez Paredes (“El hombre de Maisinicú” (L’homme de maisinicú), “Río Negro” (Fleuve Noir), “Del otro lado del Cristal” (De l’autre côté de la vitre), “Páginas del diario de Mauricio” (Des pages du journal de Mauricio), qui se verra remettre cette année le Corail d’Honneur, la conscience d’unité culturelle latino-américaine dans le cinéma cubain a toujours été présente depuis le triomphe de la Révolution de 1959, en tant qu’idée globale de la Révolution et de Fidel Castro (1926-2016).

Ce n’est pas par hasard, précise Manuel Pérez Paredes, Prix National de Cinéma 2013, que le Noticiero ICAIC (Actualités ICAIC) a vu s’ajouter à son nom le qualificatif Latinoamericano (Latino-américain. “(…) Après l’isolement le plus fort dans les années 60 et 70, au cours desquelles, pour que les cinéastes de la région puissent se rencontrer, ils étaient obligés d’aller en Europe, Cuba est allée s’imbriquant dans l’ensemble des autres pays du continent et il a été nécessaire que La Havane devienne un centre pour l’unité (…) ».

Quand les conditions géographiques et matérielles étaient réunies pour organiser un Festival, celui de La Havane a été créé, a déclaré Pérez Paredes à la presse nationale et à l’arrivée des films à Cuba, le Commandant en Chef a commencé à les voir.

« Cela a éveillé chez Fidel un grand intérêt pour la diversité et l’unité du cinéma latino-américain. De là son respect pour les cinéastes avec une grande vocation anti-impérialiste, de libération nationale et d’unité culturelle. C’est la raison pour laquelle il a appuyé le Festival ; il a ajouté un surplus aux ressources dont disposait habituellement l’Institut Cubain de l’Art et de l’Industrie Cinématographiques (ICAIC) pour le renforcer ; et c’est alors que sont nées la Fondation du Nouveau Cinéma Latino-américain (FNCL) et l’École de Cinéma et de Télévision de San Antonio de los Baños (EICTV). Il a répondu à cette production cinématographique avec sa sensibilité politique et artistique.

La XLIème édition du festival commémorera de façon très spéciale le centenaire de la naissance de Santiago Álvarez (1919-1998), par la tenue d’un colloque dans lequel seront réaffirmées les valeurs de ses documentaires et de ses Noticieros ICAIC (Actualités ICAIC). De plus une vaste exposition sera montée.

Traduit par Reynaldo Henquen Quirch


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