La sixième île


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Extrait :

... De ce fait, servant dans les compagnies impériales, je commis excès et cruautés qui, si je les racontais tous, seraient bien pire encore que les péchés jusqu'ici rapportés à Votre Grâce ; mais comme en défense de la foi catholique, les aumôniers de Son Altesse impériale nous ont absous tous ensemble, à l'occasion d'une messe de campagne, comme si nous avions été des croisés en guerre sainte, cela m'épargne la peine de m'en souvenir, et à Votre Grâce la peine de les entendre ; et il y aurait beaucoup à dire, pour savoir si de telles absolutions sont légitimes ou non, alors qu'elles ne s'arrêtent point aux sévices et aux excès de la soldatesque.

Finalement, en l'an de grâce mille six cent vingt, nous défîmes complètement la noblesse bohème sur les pentes de la Montagne Blanche. Dans cette bataille, la fortune voulut que je m'attirasse les faveurs de Don Pedro de Vanegas, un autre capitaine espagnol arrivé d'Allemagne quelques temps auparavant, auquel alors qu'il avait été mis à terre et blessé aux premiers instants du combat, je portais secours et que, faisant preuve de plus de courage que de méthode, je délivrai d'une situation fort délicate. Nous devînmes ensuite bons camarades et peu de temps après, dans le cours d'une conversation, il me déclara qu'un de ses oncles était à l'époque gouverneur de cette ville où nous sommes, Saint-Christophe-de-la-Havane.

Et je vis aussitôt que c'était là l'occasion que j'attendais pour obtenir de nouveaux brevets et me rendre aux Indes, ainsi que j'en avais formé le dessein lorsque j'avais rencontré les tziganes en France...

Extrait du roman La sixième île, de Daniel Chavarria, traduit de l'espagnol (Cuba) par René Solis, Éditeur : Rivages Thriller, 2004


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